STRAUSS Isaac (1806-1888) – Musicien français XIXe

Violoniste, chef d’orchestre de bals, compositeur de musiques légères, puis collectionneur d’antiquités

Né le 2 juin 1806 à Strasbourg sous le nom d’Emmanuel Israël.
Décédé le 9 août 1888 à Paris âgé de 82 ans

Son père : Loeb Israël devenu Léon Strauss, brocanteur, violoneux (jouait dans les bals)
Sa mère : Caroline Israël
C’est une famille de 10 enfants dont 8 survécurent. Isaac étant le dernier.

Isaac  est venu à Paris en 1822  à 16 ans. Il entre au Conservatoire de musique de Paris en classe de violon. Il quitte le  Conservatoire  le 30/5/1829 car il a trouvé une place au prestigieux Théâtre-Italien où il restera  15 ans, mais il devra compléter ses revenus par des concerts privés, des fêtes publiques, et l’été dans les villes d’eau, là où il y a du monde.

En 1827 il joue à Lyon dans un quatuor composé  avec son frère Maurice et deux frères Lévi. Il publie un recueil de contredanses et danses diverses.
En 1841 et 1842 dirige l’orchestre des bals de l’Opéra-Comique.

Vie privée

Le 17/1/1830 il épouse Henriette Schriber, 20 ans, née à Paris en 1809 mais d’origine alsacienne et juive comme lui.  Elle lui donnera 8 enfants : 6 fille (dont Aline, Léa, Sophie) et 2 garçons morts en bas âge. Sa femme mourra  en 1879.
Il est l’arrière-grand-père de Claude Lévi-Strauss.

Directeur des bals de la cour

En 1847 il est nommé chef des bals de cour sous Louis-Philippe en remplacement de Jean-Baptiste TOLBECQUE (chef d’orchestre belge).
A la suite de la révolution de 1848, il assure la musique à la fête républicaine à Versailles.
En janvier 1849 il dirige la musique de la fête de la présidence au Jardin d’hiver sur les Champs-Elysées.

Le 30/1/1843 Louis- Napoléon prend le pouvoir. Devenu  Napoléon III il  épousera Eugénie de Montijo. Le couple impérial sera entouré de courtisans qui se retrouveront lors des fêtes organisées aux Tuileries, lors des « séries » au château de Compiègne, et dans les nombreuses villes d’eau lancées par le couple impérial. Strauss sera sollicité pour animer les bals et développer  Vichy.

Pendant 30 ans, Strauss  compose des musiques et édite les partitions pour piano puis les arrangements pour orchestre. Les plaques en fonte sont toujours en possession de ses descendants.

1854/1872 – Directeur des Bals masqués de l’Opéra de Paris (situé rue Lepelletier avant d’être détruit par un incendie)

C’est une tradition pendant la durée du carnaval où la salle de l’Opéra est transformée en salle de bal avec orchestre toujours dirigé par un chef prestigieux. On y vient pour danser mais aussi pour déambuler, pour faire des rencontres, car c’est une rare occasion où différentes classes de  la société se cotoient, dès lors qu’on se présente costumé et masqué. Comme cet  amusement date de la royauté, la Révolution l’ interdit.
En 1800 ils sont rétablis mais sans danse ni costume. On déambule et on vient écouter la musique. Puis la danse et le costume furent rétablis aussi. On y danse le quadrille, la polka, la valse, mais aussi des danses plus débridées comme le galop, le can-can, le chahut. Fréquentés par 4000 personnes, ces bals duraient de minuit à 5 h du matin.

En 1854 Strauss  obtient la  direction des bals masqués de l’Opéra de Paris en remplacement de Philippe MUSARD.  D’abord avec un contrat de location de la salle puis une concession de 10 ans où il devient responsable de toute l’organisation des bals (aménagement, sécurité, remboursement des dégâts faits par la foule). Il  obtient une grande popularité auprès du public. Il y restera 18 ans .
Jules Massenet jouera dans son orchestre où il fera les percussions.

Musicien pour des mariages princiers

En 1836 Strauss dirige l’orchestre du cercle du casino d’Aix- les-Bains en Savoie ;  il est sollicité pour jouer au mariage du duc de Savoie futur roi d’Italie Victor Emmanuel II.

On lui demande de jouer  en Espagne,  pour le double mariage célébré le 10/10/1846, d’abord celui  de l’Infante Isabelle II d’Espagne (16 ans) avec son cousin l’infant François d’Assise de Bourbon (1846/1902), duc de Cadix (24 ans) , puis celui  de sa petite soeur  l’infante Dona Louisa  d’Espagne (14 ans) avec  Antoine  duc de Monpensier (plus jeune fils du roi des français Louis-Philippe). Strauss   écrira la « Valse du double mariage’ et une valse pour chacune des mariées.

C’est lors de ce séjour en Espagne qu’il rencontre Eugénie de Montijo.

Strauss fera fortune grâce à Vichy

Il arrive à Vichy en 1843 et obtient un bail de 10 ans  dans lequel Strauss « a le monopole des loisirs de la ville de Vichy ». Il est payé pour construire de nouveaux édifices. Il est directeur des salons et de l’Opéra ainsi que du Casino et de l’Etablissement thermal .

Il y fait édifier en 1858 par Hugue Batillat, une maison de style néo-classique au 4 rue de Belgique qui est la plus belle de Vichy à cette époque. Il la prête à Napoléon III qui l’habitera lors de ses premiers séjours en 1861 et 1862. Isaac  la vendra en 1866. Actuellement la villa abrite le restaurant « La Veranda » qui est celui de l’hôtel Aletti palace.

 

Compositeur de musiques de danses

Pendant 30 ans il compose un répertoire de plus de 500 musiques de danses (dont  il édite et vend  les  partitions).  Il écrit des oeuvres originales de danses, en partition pour piano et arrangement pour orchestre ; il adapte des oeuvres d’autres compositeurs tel  J. OFFENBACH  ou d’opéras-bouffe et fait des orchestrations d’oeuvres de musiciens peu connus.

Entre autre pour les QUADRILLES il faut composer une musique « à danser »  qui sera aisément suivie par les danseurs. Pour faire une musique de danse il faut :
– choisir la mesure : 2 temps pour le quadrille
– choisir une « carrure » : ici 8 mesures répétées
– choisir un tempo : vitesse d’exécution de la musique et des pas ; ici 92 modéré et + vite pour le galop de la 5e figure)
– choisir  un contenu : motif mélodique et rythmique

Il offre à sa fille Léo l’ensemble de ses partitions originales composées de 6 volumes :
– 4 volumes de valses (qu’il dédicaçait à à différentes personnalités ou à un événement comme la fameuse « Marche impériale » qui ouvrait chaque bal impérial des Tuileries sous le Second empire, « Valse princesse Mathilde« )
– 1 volume de polkas « Eugénie polka »
– 1 volume pour toutes les autres danses   « Quadrille de la princesse Mathilde« 

Il a offert à sa fille Sophie le livre de ses esquisses de composition.

Une retraite bien gagnée

En 1867 il quitte la direction des bals des Tuileries remplacé par Emile WALDTEUFEL
En 1872 démissionne de l’orchestre de l’Opéra de Paris.

En 1870 il reçoit la Légion d’honneur, qu’il a sollicité lui-même.

Collectionneur

En 1870 il prend sa retraite de musicien et se consacre à ses loisirs c’est-à-dire sillonner l’Europe à la recherche de pièces de mobilier et autres objets d’art et religieux juif qu’il collectionne. La collection est présentée à l’Exposition Universelle de Paris de 1878 et rachetée par la Baronne Nathaniel de Rothschild qui l’a léguée à l’Etat. D’abord exposés  au musée de Cluny, les objets sont actuellement au Musée d’art du judaïsme de Paris.

Isaac meurt dans l’hôtel particulier qu’il loue au 44 rue de la Chaussée d’Antin (détruit lors des travaux d’Hausmann) à Paris, le 9 août 1888, âgé de 82 ans.

Source :

mahj.org/fr/programme/isaac-strauss-musicien-et-collectionneur-sous-le-second-empire/74417

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