PERROT Jules Joseph (1810-1892) – Danseur français XIXe

Danseur à l’Opéra de Paris, professeur de danse, chorégraphe de « Gisèle » et de nombreux ballets à Londres et Saint-Pétersbourg

 Né le 18 août 1810 à Lyon et décédé le 19 août 1892 à Paramé – St Malo (Ile-et Vilaine)

Son père machiniste au Grand théâtre de Lyon envisagea pour son fils, un avenir dans le monde du spectacle.

Le jeune Jules révéla des aptitudes pour la danse, s’astreignant à un entraînement régulier dès l’âge de 9 ans.

En 1818, il paraît sur la scène du Grand théâtre dans l’opéra de Boïeldieu dans « le Petit chaperon rouge ».
Mais il tire son succès de ses talents de mime et d’acrobate dans une parodie du célèbre danseur « disloqué de l’époque Charles Mazurier.

A 13 ans Jules fait ses débuts au Théâtre de la Gaité à Paris en décembre 1823, dans le costume de Polichinelle, où il surpassa l’original qu’il parodie.

Jules se tourne vers la danse classique

Auguste VESTRIS (1760-1842) qui deviendra son professeur, lui conseille, vu son physique qui n’est pas l’idéal, « saute d’un endroit à l’autre, tourne, balance mais ne laisse jamais au public le temps d’étudier ta personne »

Jules développe une rapidité d’exécution qui sera son style. Avant ses 17 ans, il est engagé au Théâtre de la porte St Martin à Paris. On le décrit comme laid, avec des proportions physiques disgracieuses, mais des jambes puissantes, élégantes, souples.

En 1830 il fera ses débuts à l’Opéra de Paris dans « La muette de Portici » d’Auber où il obtient du succès.

En 1831 il est promu Premier sujet et choisi pour être le partenaire de Marie TAGLIONI dans « Zéphire et Flore ». Son style aérien, rapide plait au public mais fait de l’ombre à sa partenaire ; après quelques saisons, elle refuse de danser avec lui. Finalement comme elle a de l’influence à l’Opéra, elle obtient que Perrot soit renvoyé.

Renvoyé de l’Opéra de Paris sous l’influence de la « Taglioni », il danse avec Carlotta Grisi

Jules se produisit alors comme « artiste invité » sur différentes scènes d’Europe et rencontra à Naple la danseuse Carlotta GRISI (1819-1899) dont il devint le mentor et l’amant. Elle dansa sous le nom de Mme Perrot à la naissance de leur fille.

Ensemble ils se produisirent à Londres en 1836, à Vienne en 1838 où il créa sa première chorégraphie « Der Kobold » , à Munich, à Milan, à Paris en 1840 où ils dansèrent « Zingaro » au Théâtre de la Renaissance.

Coralli s’attribue seul auteur de la chorégraphie de Giselle à laquelle Perrot a participé

Le talent de Carlotta la mettait au même niveau que Marie Taglioni et l’Opéra de Paris l’invita  mais Perrot n’était pas le bienvenu. Elle mit donc la condition de la réintégration de Perrot à l’acceptation de son contrat avec l’Opéra. En attendant Perrot collabora, à titre privé, avec le compositeur Adolphe ADAM (1803-1856) à un nouveau projet « Giselle » qui allait être monté à l’Opéra. Mais le maître de ballet en titre était Jean CORALLI (1779-1854) et il laissa  à Perrot (le suppléant) faire une partie du travail entre autre les scènes et variations exécutées par Carlotta.

Le ballet présenté le 28/6/1841 fut un triomphe et Coralli se déclara seul chorégraphe. (C’est le danseur Serge Lifar qui rétablira la vérité au XXe siècle.)

Carlotta fut propulsée au sommet de sa gloire et la muse de Théophile Gautier répondit à ses avances, ce qui sépara le couple Grisi/Perrot. Jules partit poursuivre sa carrière à l’étranger (aidé en cela par Coralli qui ne souhaitait pas que s’ébruita la vérité sur la chorégraphie de Giselle).

Début de sa carrière prolifique de chorégraphe à Londres

En 1842 Jules Perrot part à Londres comme assistant du maître de ballet André-Jean-Jacques Deshayes (1777-1816). Il le remplaça l’année suivante au Her Majesty’s Théatre où il composera pendant 6 ans
23 ballets dont 7 chefs d’œuvres, chacun d’eux dédié à une étoile à qui le ballet était destiné :

  • Pour Fanny Cerrito (1817-1919) : 3 ballets « Alma » en 1842/ « Ondine » en 1843 »/ « Lalla Rook » en 1846
  • Pour Fanny Elssler (1810-1884) : « Le délire d’un peintre » en 1843
  • Pour Carlotta Grisi (1819-1899) : « Esmeraslda Polka » en 1844
  • Pour Lucile Graham (1819-1907) : « Eoline » en 1845 et « Catarina » en 1846


 

Il chorégraphia aussi des divertissements tels que :
le fameux « Pas de 4 »[1] où les 4 grandes danseuses furent réunies : Tagliani/Grisi/Cerrito/Graham (Fanny Elssler était en tournée à l’époque en 1845

« Le jugement de Pâris »  en 1846/ « les Eléments » en 1849/ « Les 4 saisons » en 1848.

Il acquit ainsi la réputation de grand chorégraphe alliant danse et pantomime dans des ballets romantiques qui restent célèbres. Il travailla souvent avec le compositeur Cesare PUGNI (1802-1870).

Perrot poursuivit sa carrière au Théâtre impérial de St Pétersbourg de 1848 à 1859

En 1849 il se rend à St Pétersbourg car sollicité par le Théâtre impérial ; il y sera danseur, chorégraphe, maître de ballets.Il fera de nouvelle versionsde quelques uns de ses ballets comme « Esmeralda », « Catarina », « Ondine » et de nouvelles œuvres « La fureur des femmes » en 1852 et « Gazelda » en 1853.

Il épousera une élève de l’Ecole impériale de danse Capitoline Samovskaya avec qui il aura 2 enfants.

En 1859 ses idées démocratiques commencent à déplaire aux autorités qui le mette dans une situation délicate face à son avenir. Après un temps d’hésitation, il revint en France avec sa famille après 11 ans d’exil.

Retour difficile à l’Opéra de Paris après 11 ans à l’étranger

Il fut engagé comme professeur de danse à l’Opéra de Paris mais s’adapta mal aux changements opérés durant son absence.

Son ami Degas le représentera souvent dans ses tableaux.

Son salaire reçu subvenant à peine à ses besoins, sa fin de vie fut difficile.

Le 24 aout 1892 il mourut dans la misère à Paramé en Ile et Vilaine.

Ce fut un brillant danseur et un chorégraphe prolifique et inventif qui a pu exprimer ses talents à l’étranger. Malheureusement il subit une concurrence d’artiste à l’égo surdimentionné qui l’ont soit évincé, soit qui ont profité de son travail. L’Opéra de Paris n’a pas su exploiter ses talents.

Source : leschaussonsvertsblog
Le ballet occidental de M-Françoise Christout chez Desjonquères

[1]  Voir la chorégraphie  par 4 danseuses russes sur Youtube

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